Elvire assise 1919, affiche de l'exposition
Les deux hommes se rencontrent en 1914, il y a plus d’un siècle, et
vont tisser des liens étroits qui influeront sur la carrière d'Amedeo Modigliani. C’est bien l’objectif de cette exposition à l’Orangerie que de revenir sur la rencontre capitale entre Modigliani et Paul Guillaume, son futur marchand.
Jeanne Hébuterne 1918 Nu couché sur fond rouge 1917
Quand Modigliani arrive à Paris en 1906, immigré italien fauché, sculpteur à ses heures plutôt que peintre. C'est sa rencontre avec Constantin Brancusi, sculpteur d’origine roumaine, en 1909, qui lui fait apprécier la sculpture qu’il va pratiquer jusqu’en 1914.
Deux versions de La belle irlandaise au camé et au pendentif 1917-18
Puis il va revenir à son art premier, la peinture, qu’il pratiquera
désormais jusqu’à sa mort en 1920, se centrant essentiellement sur
l’étude des visages. Paul Guillaume (1891-1934) parle de leur rencontre dans une lettre à l'écrivain Francis Carco publiée en 1927 dans la revue Les Arts à Paris : « Quand
Max Jacob me le présenta en 1914, Modigliani était sculpteur et
dessinateur. À tort ou à raison, c’est moi qui ai pris la responsabilité
de l’engager à faire de la peinture… »
Femme assise en robe bleue
Nous atteignons là le cœur de la relation entre l’artiste et le marchand. Paul Guillaume qui lui prodigue encouragements et conseils, lui loue un atelier à Montmartre,
se transforme en agent artistique, achète, vend et collectionne ses
œuvres. Il est admiratif devant cet artiste qui peint des femmes
troublantes aux yeux de chat et au cou allongé, à la pleine mélancolie.
Nu couché sur un oreiller blanc 1917
Il semble bien que ce soit par l’intermédiaire du poète Max Jacob (1876-1944) que Paul Guillaume ait découvert le travail de Modigliani en 1914. Il devient rapidement son marchand, comme le suggère la correspondance entre Paul Guillaume et son ami, le poète Guillaume Apollinaire (1880-1918) alors soldat sur front. Il fera alors une série de portraits de Paul Guillaume dont certains sont fort connus.
Quelques portraits de Paul Guillaume, 1915-16
Paul Guillaume Tête de femme 1911-12 Autoportrait 1919
Il en peint en particulier 4 entre 1915 et 1916. Dans le premier, Guillaume alors âgé de vingt-trois ans, apparaît en costume, ganté et cravaté, symbole de l’avant-garde, avec les mots « Novo Pilota » en bas du tableau. Les deux hommes pensent ainsi et espèrent que leur collaboration sera fructueuse.
Le corps et la memisa 2 et 4 Nu couché sur fond rouge
Guillaume, à travers ses textes, présente le portrait d’un Modigliani plus intime avec lequel il a beaucoup d’affinités. Par exemple, leur goût commun pour l’art africain ou leur appétence pour la littérature et à la poésie. Modigliani, note Guillaume, « aimait et jugeait la poésie, non point à la manière froide et incomplète d’un agrégé de faculté, mais avec une âme mystérieusement douée pour les choses sensibles et aventureuses. »
Portraits de 1915 : Femme au ruban de velours, Fille rousse et Antonia
Outre les cinq toiles de l’Orangerie, Guillaume
a reçu beaucoup d’œuvres de l’artiste, au moins une centaine de toiles
ainsi qu’une cinquantaine de dessins et une dizaine de sculptures. C’est
de la part de Guillaume, s’impliquer à fond pour faire connaître l’artiste dont il appréciait particulièrement les œuvres.
La chevelure noire Femme à la collerette
On y trouve ainsi des portraits de figures connues du Paris de l’époque, Max Jacob, André Rouveyre, Jean Cocteau, Moïse Kisling, de nombreux portraits des femmes qui ont partagé la vie du peintre, l’écrivain Béatrice Hastings et bien entendu Jeanne Hébuterne, son égérie, sa dernière compagne et la mère de son enfant.
Hanka Zborovska 1919 Nu couché au coussin bleu
Christina Le jeune apprenti
On peut y admirer peintures et portraits, dessins, quelques sculptures de marbre ainsi que des masques Fang du Gabon qui auraient fort inspiré l’artiste.
Portrait de Dédie, 1918
On assiste ainsi à la naissance de la spécificité de cet artiste à travers la galerie de portraits que nous offre l'exposition : la figure altière de Paul Guillaume dans l’atelier du peintre (1914), le visage juvénile d’une jeune fille rousse (1915), le portrait d’une belle Irlandaise (1917-1918) ou des tableaux où on peut lire l'i,fluence de Paul Cézanne et du cubisme comme dans Elvire assise, accoudée à une table (1919, affiche de l'expo) ou la série des Nus couchés dont on peut voir ici plusieurs reproductions.
Garçon en culotte courte Elvira 1918 Nu appuyé sur un coussin 1917
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<< Christian Broussas •• Modi-Guillaume •• © CJB °°° 10/11/2023 >>
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