Référence : Patrick Grainville, L'Atlantique et les Amants, éditions du Seuil, collection Cadre rouge, 288 pages, janvier 2002
Le couple Grainville Avec Montherlant Avec Christine Montalbetti
Ce normand, né à Villers-sur-mer en 1947, a bien connu Marguerite Duras qui habitait l’Hôtel des Roches Noires à Trouville-sur-mer, près de chez ses parents, et avec qui il lui arrivait de se promener. Il raconte notamment sa rencontre avec Marguerite Duras dans un texte intitulé Le Héron blanc, [1] et l’évoque aussi parmi les "Marguerite de sa vie" dans Les Anges et les Faucons. [2]
Son premier roman, La Toison, fut en particulier salué par Henri de Montherlant. Peu de temps avant sa mort, il lui prédit un grand avenir, disant de son style : « Vous êtes tellement personnel que, dès votre premier livre, on pourrait écrire : “À la manière de Patrick Grainville” »
On retrouve dans ce roman la belle plume de Patrick Grinville, prix Goncourt 1976 pour Les Flamboyants, son style lyrique conforté par des descriptions enflammées, par des phrases courtes et elliptiques.
Le jour de la fin du monde... Les Grainville chez eux à Romainville
Liés par un pacte de non retour, Eric et Léna roulent vers le sud et son fameux soleil. Dans les Landes et le Pays Basque, ils vont voir Angel qui se livre à de curieux rituels tauromachiques. Ils n'ont peur de rien. Pour Léna, le truc c'est le surf et la vague qui déferle et pour Éric c'est plutôt le taureau, le démiurge, le Minotaure. Léna déteste la corrida, le sang et le sacrifice de l'animal. Elle préfère se confronter aux vagues et affronter le danger.
Ils
représentent en quelque sorte les amants du monde, recherchant le
plaisir pur, le danger, parfois avec une pointe de mélancolie.
Le baiser de la pieuvre Les flamboyants La caverne céleste
Les deux adolescents foncent à moto vers l’Atlantique et se posent vers Biarritz
pour le surf et la corrida. Pour l'argent, c'est au jour le jour, en
jouant sur la séduction si nécessaire. Leur défi, c'est le sport, il va
aux corridas, voir son ami Angel, elle se coltine avec
son surf à la puissance de l'océan. Ils veulent se confronter à leurs
limites dans un climat pas toujours serein.
En Espagne,
le couple rejoint la mer, fait quelques connaissances et renoue avec
ses passions : tauromachie, photo, surf, oiseaux et chiens, sculpture…
Les obsessions, la vie... ils repartent, toujours sous le soleil.
Colère Trio des ardents Le démon de la vie
Le
surf n'est pas seulement un sport ou même une façon de vivre, c'est
aussi faire corps avec l'océan en se laissant guidé par lui, en
l'apprivoisant; le choc du corps dans toute sa beauté avec l'élément
liquide, véritable personnage du roman. Les descriptions sont soutenues
par des métaphores dont Grainville a le secret sur la mer bien sûr mais aussi sur les chiens, les taureaux et... les amérindiens.
« Léna, écrit-il, avait toujours bercé au fond de son désir un grand rêve d’Indiens,
de razzias emplumées dans la prairie, de dos minces et nerveux courbés
sur le cou des pur-sang, de sandales véloces, de couteaux dégainés… » Le tout avec des chiens qui ont pour nom « Apache » ou « Sioux... » Un univers qui nous rappelle un de ses précédents romans intitulé "Bison".
L'arbre piège Le dernier viking
[1] Voir la NRF du 5 mars 1998, n° 542, éditions Gallimard
[2] Sur Marguerite Duras, il a aussi publié en 2015 un livre numérique, collection Duetto, Nouvelles lectures et un article dans un ouvrage collectif intitulé L’esprit des femmes, La Thébaïde.
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