Référence : Nathalie Saint-Cricq, Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir, éditions de l'Observatoire,
Un téléfilm en a été tiré sous le titre Clémenceau et Marguerite où Pierre Arditi est Georges Clémenceau, Émilie Caen est Marguerite Baldensperger et Élizabeth Bourgine est Madeleine Clémenceau Jacquemaire.
Son dernier amour, ses derniers combats
« Il
faut d'abord savoir ce que l'on veut. Quand on le sait, il faut avoir
le courage de le dire. Quand on le dit, il faut ensuite avoir l'énergie
de le faire. » Clémenceau
Georges Clémenceau à la fin de sa vie n’est plus le Tigre [2], comme on l’avait surnommé, pas davantage l’homme inflexible sans concession qui mena les Alliés
à la victoire en 1918. Pour lui, la politique s’est quelque peu
éloignée depuis son échec à l’élection présidentielle où son concurrent Paul Deschanel a été élu.
Clémenceau et Claude Monet
Sans doute n’attendait-on pas en temps de paix d’un homme d’État les
mêmes qualités qu’on attendait de l’homme de guerre capable de
galvaniser les énergies et de rassembler la Nation autour de lui. Mais il faut dire aussi que Clémenceau,
au cours de sa longue carrière, ne s’était pas fait que des amis avec
son style oratoire et ses mots qui claquaient aux oreilles de ses
adversaires comme un fouet. Il disait par exemple : "Il
faut d'abord savoir ce que l'on veut. Quand on le sait, il faut avoir
le courage de le dire. Quand on le dit, il faut ensuite avoir l'énergie
de le faire."
Même si l'homme fut contrasté,
complexe et parfois incompréhensible, on doit reconnaître les combats
courageux qu'il a menés, lui le dreyfusard, l'abolitionniste, l'anticolonialiste pour le droit de vote des Noirs, défendant la laïcité, fustigeant le massacre des Arméniens aux côtés de Jaurès...
Son
style direct voire cassant, tous les "tièdes" qu’il avait piétinés tout
au long de sa carrière ne l'ont pas oublié, le fonceur qui ne prit
jamais de gants pour mettre en œuvre sa politique pendant sa présidence
du conseil entre 1906 et 1909 lui avaient valu beaucoup d’inimitiés. Ils
allaient s’en souvenir.
Il connut aussi de solide amitiés comme par exemple au début de sa carrière quand il était maire de Montmartre et avait noué une solide amitié avec Louise Michel qu'il aida comme il put puis beaucoup plus tard avec le peintre Claude Monet. Ce qui ne l'empêcha pas d'avoir des relations orageuses avec Raymond Poincaré, le président de la république pendant la Grande guerre.
C’est
figurez-vous d'un homme vieillissant et amoureux dont il s'agit ici. Un
homme octogénaire qui refuse la vieillesse, qui enverra quelque 668
lettres enflammées à Marguerite Baldensperger, une femme de 40 ans sa cadette. [1]
Cinq ans d'une amitié amoureuse bâtie sur un serment solennel : "Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir", point d'orgue d'une relation mystérieuse.
La rencontre a lieu le 2 mai 1923 : il a 82 ans et elle 41 ans. Elle lui réclame un livre pour une collection qu'elle dirige aux éditions Plon. Lui n'a pas encore digéré la façon dont il a été mis sur la touche, elle ne s'est pas encore remise du suicide de sa fille âgée de 17 ans. Coup de foudre immédiat entre ces deux êtres malmenés par la vie.
Notes et références[1] Sur la demande pressante de Marguerite, Clémenceau a brûlé toutes ses lettres. Il ne reste donc que les lettres qu'il lui a adressées.
[2] "les tigres de la colère sont plus sages que les chevaux du savoir." William Blake, Le mariage du ciel et de l'enfer
Voir aussi
* L'assassinat de Clémenceau --
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