L’adaptation du roman de Camus
L’adaptation d’un roman d’Albert Camus est toujours un événement comme c’est le cas cette fois pour La Peste. Pari qu’ont relevé George-Marc Benamou et Gilles Taurand, producteur et coscénariste. Ainsi, après l’épidémie de Covid en 2020 qui avait fait bondir les ventes ses ventes, le roman est à nouveau à l’ordre du jour.
« Car
il savait ce que cette foule en joie ignorait, […] que le bacille de la
peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des
dizaines d'années endormi […] et que, peut-être, le jour viendrait où,
pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses
rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse… »
C’est ainsi que se termine le roman La Peste, qui signifie aussi lutte contre la « peste brune nazie » et Résistance contre toute forme de contrainte et d'asservissement selon Albert Camus lui-même.
C’est ainsi que commence la mini-série dont elle est librement adaptée et diffusée le lundi soir 4 mars dans les deux premiers épisodes.
S'appuyant sur les objectifs énoncés par Camus, ils ont imaginé un "thriller dystopique" [1] qui narre les terribles conséquences de la pandémie, non plus à Oran en 1947 comme dans le roman, mais dans le sud de la France pendant l'été 2030. [2] Pour lutter contre le fléau, un personnage principal le docteur Bernard Rieux (Frédéric Pierrot) est entouré du journaliste Sylvain Rambert (Hugo Becker) et de l'artiste Jean Tarrou (Johan Heldenbergh). [3]
Le film est aussi construit sur l’intervention du docteur Rieux (Frédéric Pierrot) en voix-off pour insuffler dans le narratif la musique du texte de Camus.
Une dystopie pour interroger le présent
Ce
fléau va bien entendu mettre en question les relations entre les
individus, dévoiler leur véritable personnalité, leur façon de réagir à
la situation, de la refuser ou de s’y adapter. D’un point de vue
personnel, tous les comportements sont possibles, de l’angoisse, du
renoncement à une remise en question drastique de son rapport aux autres
et à la société. D’un point de vue collectif, les hommes se voient
contraints au confinement, y compris par la force.
George-Marc Benamou récidive ici, ayant déjà réalisé un documentaire intitulé Les Vies d'Albert Camus pour France-Télévision. « J'avais le désir d'adapter La Peste et j'en avais parlé à Catherine Camus, la fille d'Albert » se rappelle-t-il.
Le choix de la dystopie s’est imposé car « il
permet de montrer à quel point les problématiques politiques et
philosophiques que Camus aborde dans le roman restent contemporaines.
[…] Elles nous concernent aujourd'hui particulièrement. Il n'y a qu'à
regarder autour de nous pour voir l'obsession paranoïaque et la montée
des extrémismes… »
Tournée entre Nice, Aix et Marseille, La Peste
s'abat ainsi sur une cité balnéaire fictive, dans « des décors qui
auraient pu trouver leur place dans les années 1940 et d'autres qui sont
visuellement très contemporains », dit le réalisateur Antoine Garceau.
Les personnages féminins
Le téléfilm a intégré plusieurs figures féminines qui manquent au roman, leur donnant plus d’ampleur avec Juliette (Pascale Arbillot) et Laurence (Sifia Essaïdi), les compagnes du docteur Rieux et du journaliste Rambert (Hugo Becker), séparées de leur homme par les circonstances. Rambert n’arrive pas à rejoindre Laurence et Juliette Rieux part pour l’Italie. Lucie (Judith Chemla) est une professeur de piano qui va entrer dans la lutte contre la peste et un pouvoir politique plutôt lâche et corrompu qui inventera un "plan D" pour développer la dramaturgie, ce qui nous mène quand même assez loin de Camus. [3]
Du texte de Camus à l’adaptation
« Solitaire et solidaire, » titre d'un ouvrage album dû à l’initiative de sa fille Catherine Camus.
Un choix personnel face à l'urgence de la situation et au dilemme :
S'engager pour le bien commun même en risquant sa vie ou mettre en
avant son intérêt personnel... La Peste comme révélateur.
Dans
ce climat, la tension monte peu à peu jusqu’à la mort émouvante d’un
jeune garçon qui joue sur les croyances, les certitudes et l’absence
d’avenir. « C'est impossible à jouer une scène comme celle-là », dit Frédéric Pierrot le comédien. « Dans le livre, la mort du garçon occupe tout un chapitre. » Une émotion vraiment palpable jusqu’à la fin. Le docteur Rieux sait bien que le bacille de la peste est consubstantiel à la condition humaine.
De ce point de vue, on peut dire que cette version peut être considérée comme fidèle à l’esprit du texte de Camus.
Voir également :
Correspondance avec les Bénisti --
Mon Site Albert Camus --
Notes et références
[1] dystopie : Forme de récit fictionnel se situant dans une société imaginaire sombre pour en dénoncer les défauts.
[2] Si certains décors comme l'hôpital de fortune, sont
fictifs, d'autres sont bien réels comme à Marseille le Palais de
justice, la plage des Catalans, les quartiers de la Joliette et la
Vieille Charité, et à Nice la gare, la promenade des Anglais, l'hôtel
West End ou le quartier de la Libération...
[3] Personnages et acteurs : le docteur Bernard Rieux (Frédéric
Pierrot) et sa femme Juliette (Pascale Arbillot), le journaliste
Sylvain Rambert (Hugo Becker) et sa compagne Laurence Molinier (Sofia
Essaïdi), personnage inédit, l'artiste Jean Tarrou (Johan Heldenbergh),
la prof de musique Lucie Ferrières (Judith Chemla) ou encor Eric Naggar
(Cottard) et Guillaume Marquet (juge Othon.
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