Référence : Brigitte Giraud Vivre vite, éditions Flammarion, 208 pages, août 2022, Prix Goncourt 2022
Brigitte Giraud avait déjà traité ce sujet autobiographique dans un roman intitulé À présent paru
deux ans après la mort tragique de son compagnon, centré sur la
résilience si difficile, sur cet homme disparu et attachant, dont on
pourrait dire qu’il constitue une méditation sur la vie. Vivre vite est très différent, aussi bien dans dans la forme que dans le fond, « ça fait vingt ans et ma mémoire est trouée. Il m'arrive de te perdre, je te laisse sortir de moi. »
Dans ce récit haletant, Brigitte Giraud essaie de comprendre l'enchaînement des faits que ont conduit à l’accident de moto qui a coûté la vie à son mari le 22 juin 1999.
Elle revient vingt ans après sur cet épisode central de sa vie et sur
les questions qu'elle se pose encore. Elle revit ces semaines où elle
était alors focalisée sur la volonté, organisée, déterminée, de
déménager, de se construire une nouvelle vie à partir du nid douillet
auquel elle rêvait.
Une idée fixe qu'elle tente de décrypter.
Pourtant, tout leur souriait, lui, 41 ans
amoureux fou de la musique, elle, 36 ans et son désir de devenir
écrivaine. Ils venaient d’acquérir une maison en lisière de ville dans
la banlieue lyonnaise, entre ville et campagne. La réalisation d'un
rêve, de pouvoir se projeter dans une vie nouvelle.
Claude Giraud son mari était directeur de médiathèque et rock-critique notamment pour le journal Le Monde. C'était un fan de moto et c'est au guidon d'une puissante mot, dangereuse et difficile à piloter, une Honda 900 CBR, que l'irréparable survint. Cette bolide appartenait en fait à son beau-frère et il l'essayait pour la première fois.
Mais, alors que Claude passe prendre Théo à la sortie de l’école, c'est l'accident fatal. « J’ai
emménagé seule avec notre fils, au cœur d’un enchaînement
chronologique assez brutal. Signature de l’acte de vente. Accident,
déménagement. Obsèques. » Tout s'enchaîne pour elle à une vitesse qui ne lui laisse aucun répit.
Selon l’exergue de Patrick Autréaux « Écrire, c’est être mené à ce lieu qu’on voudrait éviter. »
Brigitte Giraud veut questionner ce tragique destin, dresser une longue liste des « si
» qui l'ont obsédée pendant tant d'années. Chacun d'eux constitue le
titre et l'objet d'un chapitre, " Si je n'avais pas décidé de vendre
l'appartement", "Si mon grand-père ne s'était pas suicidé", "Si je
n'avais pas visité cette maison"… , vingt-trois interrogations pour
exorciser le destin.
Notes et références
[1] Vivre vite, mourir jeune (Live fast, die young) dans le livre de Lou Reed
Voir aussi
* Brigitte Giraud, Un loup pour l’homme --
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<< Christian Broussas, Vivre vite 09/06/2024 © • cjb • © >>
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