Jean-Marie Gustave Le Clézio : l'homme et son œuvre
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JMG Le Clézio en 1991 à Cannes
Sommaire
1- Grands thèmes de son œuvre
2- Le Procès-verbal, Révolutions, Onitsha
3- Ritournelle de la faim
4- Le Mexique, Diego et Frida, Le rêve mexicain
5- La trilogie mauricienne
Jean-Marie Gustave Le Clézio, né en avril 1940 à Nice, est un écrivain de langue française qui a la double nationalité franco-mauricienne.
En 1963, il connaît le succès dès son premier roman "Le Procès-verbal". Il s'oriente ensuite vers une recherche plus formelle proche du Nouveau Roman.
C'est un grand voyageur, certainement influencé par ses racines
mauriciennes, son goût pour les cultures amérindiennes, les romans de
cette période le sont aussi à travers le recours à une atmosphère
onirique et au mythe comme "Désert" et "Le Chercheur d’or", intégrant aussi une dimension biographique comme "L’Africain". Titulaire de plusieurs prix littéraire, son œuvre est couronnée en 2008 par le Prix Nobel de littérature. Il a écrit une quarantaine d’ouvrages de fiction (romans, contes, nouvelles) ainsi que des essais.
Il a d'abord été très influencé par le "Nouveau Roman" dans les années soixante, surtout Georges Perec et Michel Butor, avec ses premiers romans (Le Procès-verbal, La Fièvre et Le Déluge). Il y développe son angoisse existentielle et sa phobie de la grande ville et son premier succès littéraire a des accents camusiens, rappelle par certains côté L'étranger. Peu à peu, il trouve son style dans des livres comme Terra Amata, Le Livre des fuites et La Guerre, plus marqués par des préoccupations écologiques et par ses voyages, avec Les Géants né de son séjour chez les indiens du Mexique.
Il subit l'influence des auteurs américains, en particulier J. D. Salinger, William Faulkner et d'Ernest Hemingway
qui le conduisent à un style plus lyrique, le recours au monologue
intérieur, mais aussi d'hommes qui ont plus un parcours spirituel comme Henri Michaux
et sa méfiance envers la société ou l'usage de drogues comme expansion
de la conscience), à qui il consacre d'ailleurs un mémoire d'études et
comme Antonin Artaud et ses rêves optimistes. L'incorrigible voyageur, le rêveur méditatif donne alors des œuvres comme Mondo et autres histoires en 1978, Désert deux ans plus tard, puis Le Chercheur d'or, Onitsha ou Poisson d'or.
Dès les années 1980, Le Clézio intègre à son œuvre une
dimension biographique, sa double culture française et mauricienne qu'il
évoque dans des personnages tels qu'Alexis, le narrateur de son roman Le Chercheur d’or en 1985, à la recherche de son grand-père Léon, sa suite Voyage à Rodrigue (voir l'article ci-dessous) ainsi que La Quarantaine en 1995 où l'on retrouve son grand-père. Dans des ouvrages plus récents, il va s'inspirer de ses proches, dans Révolutions, son père dans L'Africain en 2004 ou sa mère pour le personnage d'Ethel Brun, dans Ritournelle de la faim en 2008.
La révolte est un thème dominant de son
œuvre. Il n'aime guère l'ambiance de la vie urbaine et la mentalité de
l'Occident avec la prééminence de l'économie et son approche mercantile.
Il va alors s'engager dans la lutte pour ses idées, soutenir les
cultures minoritaires l’ONG Survival International, ceux qui se préoccupent d'environnement, de lutte contre la pollution, et défendre ses positions dans des ouvrages comme Terra Amata, Le Livre des fuites, La Guerre ou Les Géants. ses convictions le portent aussi à dénoncer toute forme d'impérialisme, qu'il soit colonial [1] ou purement guerrier. [2] A partir des années 2000, il est de plus en plus critique vis-à-vis des sociétés occidentales comme Ourania en 2005, critique du monde moderne impliquant l'oubli des traditions et du passé ou son essai paru en 2006 intitulé Raga, Approche du continent invisible, défense des peuples océaniens.
Le Procès-verbal - JMG Le Clézio, éditions Gallimard, 1963, isbn 2070238210
C'est l'histoire d'un jeune homme Adam Pollo, marginal vivant seul. Adam Pollo vit dans une maison abandonnée sur une colline, près d'une ville, quelque part au sud de la France.
L'été est chaud, il s'attarde à contempler le paysage qui l'entoure.
Puis il décide d'aller en ville, se promène dans les rues, sur les
plages et fait la connaissance de Michèle, une jeune femme. Nous suivons en détail les faits et geste d'Adam : rien que de très commun, toujours les mêmes balades sur les plages et par les rues de la ville.
Parfois, il s'arrête, fait une halte, joue au billard ou commande une
bière dans un bistrot. Cependant, son comportement commence à devenir
bizarre, une espèce de dédoublement le saisit, sans doute une
conséquence des méfaits de la ville. Il se retrouve ainsi dans un asile
d'aliénés où il engage de longues discussions avec d'autres
pensionnaires dans la grande salle de l'institution mais au fond de lui,
il se sent désespéré et rejeté par la société.
Révolutions - JMG Le Clézio, éditions Gallimard, 247 pages, 2003
Une farce rêvée, titre du premier chapitre, ramène Le Clézio à son enfance, " l'exil, la recherche d'une terre font partie de ce qui m'a été donné premièrement " écrit-il. Et il cite Flannery O'Connor, "un romancier doit être porté à écrire sur les premières années de sa vie, où le principal lui a été donné". Ces 'Révolutions' dont il est question dans le titre sont celles du temps, c'est " le temps avec ses révolutions " qui est perdu.
Nous retrouvons dans ce roman l'une des obsessions de Le Clézio, sa double culture franco-mauricienne, le Nice des années 1950-60 et l'île Maurice de ses ancêtres. Ce qui est fascinant à Nice,
c'est la faculté de la ville à assimiler des populations très diverses,
venues de tous les continents, une des rares cités comme Alger ou Beyrouth à avoir réussi cette sublime alchimie.
Onitsha
Référence : Onitsha, roman, Gallimard, Paris, 1991, 250 pages, ISBN 2-07-072230-9
Ce 14 mars 1948, Maria-Luisa Allen dite Maou, accompagnée de son fils Fintan partent rejoindre en Afrique son mari Géoffroy parti travailler dans le petit port d'Onitsha au Nigéria. Pour Maou,
c'est une nouvelle vie qui s'offre à elle, une vie qu'elle imagine si
facile où elle va enfin retrouver son mari après une longue séparation.
Là-bas, ils seront vraiment quelqu'un, sans préjugés contre Géoffroy.
Mais la réalité est fort différente. L'Afrique est un
autre monde, étrange, dérangeant, mystérieux et inconnu, si loin des
habitudes et des mentalités européennes, d'autant plus qu'ils vivent en
vase clos dans le champ restreint des membres de la colonie, de leurs
relations oscillant entre rivalités et mesquineries dérisoires. Mais l'Afrique
exerce sur eux une telle fascination qu'ils sont pris à leur propre
piège, prisonniers de leurs espoirs, cuits et recuits dans la torpeur
d'une chaleur émolliente.
JMG Le Clézio, Ritournelle de la faim, éditions Gallimard, collection Blanche, 206 pages, 2008, ISBN 2070122832
A la fin de son roman, JMG Le Clézio fait cet aveu : « J'ai écrit cette histoire en mémoire d'une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans ». Ainsi se fait le pont entre sa jeune héroïne Ethel
et la mère de l'écrivain qui l'a largement inspirée. Nous sommes à
Paris au début des années 1930 et c'est l'exposition coloniale. Ethel toute jeune alors -elle a dix ans- vit à Montparnasse avec ses parents d'origine mauricienne, elle se promène dans l'exposition avec son grand-oncle, Samuel Soliman, lui aussi mauricien qui porte sur cet événement un regard particulièrement ironique. En visitant le pavillon de l'Inde, il décide de l'acheter et de le faire rebâtir sur un terrain qu'il possède à Paris; il l'appellera la Maison mauve. Curieuse idée en apparence, idée fixe d'un homme vieillissant. Très impressionnée par ce projet, Ethel promet à son grand-oncle de s'en occuper après sa mort, car Samuel Soliman est un homme âgé et riche, qui veut faire de la jeune fille, son héritière.
Le couple de ses parents bat de l'aile, un peu comme ce monde bourgeois
dont il est issu, médiocre et médisant, pestant contre tout ce qui n'est
pas 'lui', les Juifs, les étrangers, les 'métèques'... Adolescente, Ethel va découvrir qu'elle a été spoliée, ruinée, moralement atteinte, et elle leur en veut à eux « qui avaient gobé tous les mensonges de l'époque. » Heureusement, il y a son amie Xenia,
une jeune Russe blanche ruinée par la Révolution, qui veut absolument
rattraper par un beau mariage ses revers de fortune. Belle et un brin
moqueuse, Xenia devient assez cynique, ce qui va bientôt la séparer d'Ethel.
Mais la guerre arrive et, exilée à Nice, il faut qu'elle s'occupe de
ses parents démunis, sa rancœur retombe et même dans sa situation, elle
préfère penser à son avenir.
Cette ritournelle de la faim, bercée par le "boléro" de Ravel, est autant ressentie physiquement à travers les privations que dans les sentiments, dans la volonté d'Ethel de se surpasser, la faim pour une jeunesse sacrifiée, aux illusions sacrifiées, dont elle doit assumer les conséquences. " Le
Boléro, écrit-il, n'est pas une pièce musicale comme les autres. Il est
une prophétie. Il raconte l'histoire d'une colère, d'une faim. Quand il
s'achève dans la violence, le silence qui s'ensuit est terrible pour
les survivants étourdis. " En épigraphe du livre, Jean-Marie Gustave Le Clézio cite le poème d'Arthur Rimbaud, « Fêtes de la faim », avec sa terrible ritournelle : « Si j'ai du goût, ce n'est 'guères' / Que pour la terre et les pierres (...) Mes faims, tournez. »
JMG Le Clézio, Diego et Frida, éditions Stock, collection Échanges, 237 pages, 1993, ISBN 2-234-02617-2
JMG Le Clézio connaît fort bien le Mexique. En 1967, il est envoyé au Mexique
au titre de son service militaire et participe à la réalisation de la
bibliothèque de l'Institut français d’Amérique latine (IFAL) puis
entreprend d'étudier le maya à l’université de Mexico ainsi qu'au Yucatán. En 1977, il reprend ses travaux effectués au Yucatan, publiant une traduction des Prophéties du Chilam Balam, sur la mythologie maya. Ce sera ensuite en 1983 sa thèse d’histoire sur le Michoacán, situé au centre du Mexique, à l’Institut d'études mexicaines de Perpignan. Il enseignera aussi à l'université de Mexico.
Il a également écrit un essai sur le Mexique intitulé Le Rêve mexicain ou la pensée interrompue [3].
Mars 1517, rencontre entre Moctezuma, seigneur de Mexico-Tenochtitlan et Hernan Cortés, entre la magie, la religion et la puissance espagnole. Ainsi naît l’ère de la colonisation synonyme d’esclavage et de pillage.
Ce rêve, c’est le lien des vainqueurs et des vaincus à la beauté et au mystère du Mexique. Rêve du soldat Bernal Diaz del Castillo, témoin de la fin des Aztèques, rêve de Bernardino de Sabagun les beautés d’une civilisation qui va disparaître avec Nezahualcoyotl, le roi-poète de Tezcoco.
Un temps qui finit avec la disparition des dernières nations nomades côté nord, Chichimèques, Tepehuanes, Seris, Yaquis, Apaches. Le Clézio
rêve aussi de répondre à cette question qu’on peut trouver théorique :
que serait devenu notre monde sans cette destruction, le silence des
peuples indiens ? Mais la violence du monde moderne a bien aboli cette
magie, l’a rangée dans les occasions manquées.
Dans cet essai, il s'interroge sur les raisons de la disparition des cultures et des civilisations indiennes de Méso amérique
au XVIe siècle et sur le rôle des conquistadors dans celle de la
civilisation "mexica". Il s'attache aux personnalités en présence telles
que Cortés, la Malinche, Motecuzoma II, Cuauhtémoc et tente une analyse détaillée des événements à la lumière de l'ouvrage de Bernal Diaz del Castillo dans son Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne.
Il fait aussi de la politique fiction en essayant d'imaginer l'avenir
sans l'intervention colonialiste espagnole. C'est l'une de ses
obsessions de rêver à une évolution qui aurait suivi 'le cours normal de
l'histoire', sans la conquête et ses terribles conséquences (guerre,
maladie, esclavage) sur le devenir de ce pays et de ses habitants
autochtones, en particulier les Aztèques.
Diego et Frida c'est une page importante de l'histoire culturelle contemporaine du Mexique, c'est aborder, à travers les amours tumultueuses des peintres Diego Rivera (1886-1957) et Frida Kahlo (1907-1954), l'épopée de la révolution mexicaine. Frida est turbulente mais de santé fragile et Diego
a une réputation sulfureuse, grand séducteur et communiste, athée,
peintre révolutionnaire qui représente les ouvriers, les incite à la
révolution et peint des fresques à la gloire des indiens. Iconoclaste.
Quand ils annoncent leur mariage, c'est la stupeur, en quelque sorte la
mariage de la carpe et du lapin.
Scepticisme sur la réalité de ce mariage, lui qui a le double de son âge
à elle et fait trois fois son poids, une vie déjà derrière lui,
constellée de scandales. Le père de Frida, quand il apprendra cette annonce déconcertante, s'écrira : " Ce seront les noces d'un éléphant et d'un colombe. "
Leur vie est à leur image, sans concessions, faite de douleur et de solitude pour Frida, une vie foisonnante faite de rencontres avec Trotsky et Breton,
de renouvellement des formes d'art pictural. Ils sont dans la parfaite
ligne d'une certaine déraison mexicaine, un couple mythique et
contradictoire représenté par les figures tutélaires de Ometecuhtli et Omecihuatl.
51- Le Chercheur d'or
JMG Le Clézio, Le Chercheur d'or, éditions Gallimard, 1985
L'enfoncement du Boucan dans l'île Maurice en 1892. Alexis, le héros de cette histoire a huit ans et joue avec Laure sa sœur ainée dans la forêt, se ballade en compagnie de son ami Denis,
un jeune noir descendant d'esclaves de l'île qui lui explique la nature
et lui fait connaître la mer. Mais un terrible cyclone va anéantir
cette belle harmonie, détruire la maison familiale et ruiner les espoirs
du père qui emmène sa famille à Forest Side. Dans sa nouvelle vie, Alexis rêve à des histoires de pirates et, à la mort de son père, découvre de mystérieux documents sur l'existence du trésor du Corsaire, caché quelque part dans l'anse aux Anglais sur l'île Rodrigues.
Mais Alexis doit d'abord faire face à la réalité et
travailler comme comptable dans la société que gère son oncle. Ce n'est
qu'en 1910 qu'il pourra enfin s'embarquer sur le Zéta, un schooner trois-mâts commandé par le capitaine Bradmer. C'est ce qu'il espérait, l'appel du large qui le mène à l'île aux rats, l'île Frégate et le petit paradis de Saint-Brandon, puis sur l'île Rodrigues.
La chasse au trésor commence. Il travaille dur pendant quatre longues
années avec l'aide de deux autochtones mais les cachettes qu'il découvre
sont vides. Terrible déception atténuée par la rencontre avec Ouma, une jeune 'Mataf' élevée à Paris.
On est en 1914 et Alexis s'engage alors dans l'armée britannique, rejoint l'Europe, se conduit en héros à la bataille d'Ypres, durant l'hiver 1915 et la bataille de la Somme à l'automne 1916. De retour à Forest Side où on le considère comme un héros, il retrouve sa sœur Laure et sa mère devenue presque aveugle.
Après quelque temps d'une vie nostalgique, il repart en 1919 pour Rodrigues poursuivre sa quête du trésor. Mais les résultats ne sont pas à la hauteur de ses espérances, Ouma est partie et quelque trois ans plus tard un terrible ouragan ravage l'île et son campement de l'Anse des Anglais puis précipite le Zéta sur le récif. Désespéré, il doit repartir pour l'île Maurice pour assister sa mère dans ses derniers instants. Il a quand même la joie de revoir Ouma qui travaille dans une plantation de cannes à sucre.
Sa sœur Laure entre alors dans les ordres et Alexis va vivre quelques mois de bonheur avec Ouma à Mananava, tout près du renfoncement Boucan de son enfance, mais Ouma décide d'aller rejoindre son frère;ils sont finalement déportés vers Rodrigues, leur île natale. Alexis décide alors de brûler les papiers du trésor pour s'en libérer définitivement et rêve de retrouver Ouma sur son navire l'Argo.
52- Voyage à Rodrigues
JMG Le Clézio, Voyage à Rodrigues, éditions Gallimard, 1986
L'île Rodrigues, dans l'archipel des Mascareignes à proximité de La Réunion et de l'île Maurice dont elle dépend, Le Clézio la décrit comme « issue
de la mer, portant sur elle l'histoire des premières ères : blocs de
lave jetés, cassés, coulées de sable noir, poudre où s'accrochent les
racines de vacoas [4] comme des tentacules. » Elle signifie pour lui le bout du voyage. Pourquoi ce voyage à Rodrigues ? s'interroge-t-il. « N'est-ce pas comme pour le personnage de Wells, pour chercher à remonter le temps ? »
Il se demande aussi comment un homme, ce grand-père objet de sa quête
et de ce voyage, a pu endurer pareilles conditions de vie, pareille
solitude, comment définir cette obsession, cerner avec des mots 'cette
fièvre du chercheur d'or', [5] « le langage est un secret, un mystère », remarque-t-il en connaisseur, mais celui de son grand-père est particulier, avec « la géométrie comme premier langage », fait de bribes, constitué au fur et à mesure de ses recherches.
Cette approche dévoile un homme où « il n'y a pas d'architecture sans écriture ».
Cette obsession, cette recherche harassante d'un trésor hypothétique,
c'est avant tout la quête d'un bonheur perdu après la vente de son
domaine Euréka à l'île Maurice et l'errance de sa famille. Sa quête sonne comme une revanche, s'inscrit dans le destin de cette famille car « s'il
n'y avait eu Euréka, si mon grand-père n'en avait été chassé avec toute
sa famille, sa quête de l'or du Corsaire n'aurait pas eu de sens. Cela
n'aurait pas été une aventure aussi inquiétante, totale ». Le Clézio
est frappé par ce contraste entre l'obsession solitaire de son
grand-père et la guerre qui fait rage en Europe et dans le monde, c'est
le rêve irréalisable comme le monde qui s'enfonce dans la guerre, qui
impose sa présence inquiétante. « Comment oublier le monde, écrit-il, peut-on chercher le bonheur quand tout parle de destruction ? » C'est ainsi : « Le
monde est jaloux... il vient vous retrouver là où vous êtes, au fond
d'un ravin, il fait entendre sa rumeur de peur et de haine... »
Lui aussi, l'auteur, le petit-fils, se sent floué par ce voyage : « Maintenant je le sais bien. On ne partage pas les rêves ».
53- La quarantaine
JMG Le Clézio, La quarantaine , éditions Gallimard, 540 pages, 1995 ISBN 2-07-040210-X
Ce récit lui a été inspiré par un épisode de la vie de son grand-père maternel Alexis, de la quarantaine qu'il subit sur un îlot au large de l'île Maurice, suite à une épidémie de variole. Il conte l'histoire de deux frères, Léon et Jacques, accompagné de sa femme Suzanne, de retour sur leur terre natale l'île Maurice en 1891 à bord du navire l'Ava, pour "récupérer" le domaine familial dont ils ont été spoliés par leur oncle. Deux des passagers étant atteints de variole, l'Ava est obligé de débarquer ses passagers sur l'île Plate où ils passent plusieurs mois isolés du monde.
Un roman plutôt qu'un témoignage car il estimait plus intime et émotionnellement plus intense. Le personnage de Jacques, c'est lui revivant cette histoire familiale et sa scission.
Le Clézio y traite plusieurs thèmes :
- L'importance de la nature et sa défense, la flore locale et la botanique, l'importance des traditions qu'expose à Léon la jeune indienne Suryavati.
- L'exploitation des pauvres comme les coolies, maltraités sans vergogne par les colons.
- Le confinement générateur de conflits.
6- Notes et références
- ↑ Par exemple, dans Onitsha ou dans Désert où il dénonce les nouvelles formes d'exploitation
- ↑ La Première Guerre mondiale dans Le Chercheur d’or ou la guerre du Biafra dans Onitsha
- ↑ Le Rêve mexicain ou la pensée interrompue, éditions Gallimard, collection NRF Essais , Paris, 1988, 248 pages ISBN 2-07-071389-X
- ↑ Le vacoa est une plante de grande taille (15-20 m de haut) avec des espèces de fleurs rappelant l'ananas
-
↑ Ce roman fait suite à un autre roman paru l'année précédente et qui s'intitule justement Le Chercheur d'or, éditions Gallimard, Paris, 1985, 332 pages, ISBN 2-07-070247-2
7- Voir aussi
- Association « Les lecteurs de Le Clézio »
- Pascale Arguedas Dossier Le Clézio
- * Mon Site Le Clézio * --
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