JMG Le Clézio, Coeur brûle et autres romances

Références : JMG Le Clézio,  Cœur brûle et autres romances, éditions Folio/Gallimard,  188 pages, mars 2002

 En sept courts récits, sept portraits comme Le Clézio sait les brosser, qui ont pour nom :

1- Coeur brûle                   2- Chercher l'aventure
3- Hôtel de la solitude      4- Trois aventurières
5- Kalina                             6- Vent du sud                    7-  Trésor

Sans doute par dérision voire par antinomie, Le Clézio dans le titre fait référence à la "romance", genre littéraire à l'eau de rose qui est ici largement décalé par rapport à ses récits.

Des personnages vivant aussi bien à la ville que dans le désert, qui sont des éclopés de la vie, à l'enfance parfois blessée, à la vie adulte difficile. Qu'ils s'appellent Pervenche, Eva, Kalima, Samaweyn, il sont confronté à la mort, la solitude, loin des  rêves de l'enfance... Illusions et désillusions...

L'univers de Le Clézio s'incarne de nouveau dans ces nouvelles avec ses personnages fragiles, pris dans les filets de la vie, sa violence, ses petitesses, la laideur, l'indifférence de gens confrontés au meurtre d'une prostituée ou cette jeune fille de 15 ans hantée par « le souvenir des peuples nomades. »

Les blessés de la vie sont des gens simples, des anonymes qui passent inaperçus, des "invisibles" dit Le Clézio dans Avers.

La brutalité de la société envers des minorités exploitées représente bien le thème central de ce recueil même si chaque nouvelle exhale une tonalité propre. Dans « Coeur brûlé », la principale nouvelle qui a donné son titre à l'ensemble, [1] Pervenche se demande ce qu'on peut bien faire de sa vie, elle qui se sentait déjà abandonnée depuis ce jour où elle comprit « le monstrueux égoïsme d'Hélène, qui faisait fluctuer la vie de ses enfants au gré de ses amours successifs». Mais leur mère trahie par les hommes, connaîtra elle aussi la solitude.

« Kalima » jeune prostituée venue de l'autre côté de la mer, pessimiste ne croit pas en ses chances, « Trésor », est un texte beaucoup plus elliptique et « Vent du Sud » dégage une grande dose d'exotisme.

C'est ainsi un univers déprimant qu'il nous décrit dans ces nouvelles, et des personnages qui ont une vision assez pessimiste de leur condition et de leur avenir. 

Par exemple, une sœur aînée dit à la plus jeune : « Toi tu ne feras jamais rien de ta vie, tout ce que tu sais faire, c’est changer d’amant comme de chemise. " Et la plus jeune de penser : " est-ce qu'on peut faire vraiment quelque chose de sa vie ?  » Car, écrit-il aussi dans "Chercher l'aventure", « c’est si difficile d'entrer dans le monde adulte quand toutes les routes conduisent aux mêmes frontières. »

Notes et références
[1] La nouvelle commence ainsi :

« Il avait fait chaud cet été-là en Provence, une chaleur tyrannique, menaçante. Vers juillet, Pervenche est partie. Elle ne s'était même pas présentée au bac, à quoi bon ? Elle n'avait rien fait, elle savait bien qu'elle ne pouvait pas réussir... »

Voir aussi
* Mondo et autres histoires -- Hasard et Angoli Mala -- Avers --
* La ronde et autres faits divers -- Tempête et Une femme sans identité --

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<< Christian Broussas • Cœur brûle  © CJB  ° 29/06/2024  >>
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