Romain Rolland le pacifiste

                     
R. Rolland & la Suisse          Romain Rolland et Gandhi 

Le Bourguignon Romain Rolland (1866-1944) était déjà venu en Suisse au cours de l’année 1882 et l’année suivante, spécialement pour apercevoir Victor Hugo à Villeneuve dit-on. Mais la guerre le surprit en Suisse romande, à Villeneuve justement, alors qu’il séjournait dans la villa Olga.

Cette figure du pacifisme signa en 1914 le manifeste "Au-dessus de la mêlée", le faisant passer pour "traître à la patrie". Pendant tout son séjour en Suisse, il n’a cessé de dénoncer la guerre et ses méfaits, participant au CICR (Comité international de la Croix-rouge) pour aider les prisonniers de guerre.

Après la guerre, pas question de revenir en France pour s’exposer aux foudres des nationalistes et des anciens combattants. Il y resta donc jusqu’en 1938 puis s’installa dans le village médiéval de Vézelay, à l’ombre de sa célèbre abbaye.

À la fin de sa vie, celui qui reçut le Prix Nobel de littérature en 1915, correspondit en Suisse avec de grandes figures de son temps comme Stefan Zweig, Sigmund Freud, les indiens Gandhi et Tagore. La visite que lui fit Gandhi chez lui en Suisse le déçut d'autant plus qu'il en espérait beaucoup, plein  de doutes sur la capacité réelle de la non-violence à résister aux coups d'une dictature. Il prit aussi ses distances avec l'URSS quand il craignit d'être instrumentalisé.

Il écrivit également le "Journal de Vézelay" couvrant la période 1938-1944 où il confesse son impuissance face au danger permanent de la guerre.

Romain Rolland en Suisse

1- Les années 1880 du côté du Léman
--> Été 1882, premier séjour à 16 ans.
--> Été 1883, hôtel du port à Villeneuve au sud de Montreux, aperçoit de loin Victor Hugo qu'il admire.
--> Été 1888 : il a 22 ans et passe deux mois à Aigle au sud de Villeneuve où il perfectionne son piano, sans espoir de faire carrière.

Saint-Moritz

2- Séjours dans Les Grisons 1901 & 1903
--> 1901 : Premier séjour à Saint-Moritz après divorce d'avec Clotilde Bréal et échec de ses pièces historiques.
Loge hôtel Wettstein, balades et canotage sur le lac de Sils, fréquente le Badrutt's palace.  Rejoint sa grande amie Sofia Guerrieri, [1]
--> 1903 : Second séjour à Froburg-Olten où le 17 juillet, il commence à écrire "Jean-Christophe", 10 ans de travail, 10 tomes, quelque 1600 pages. [2]

      Lac de Sils vers Olten

3- Les années de guerre 1914-1918
--> Été 1914 : s'installe au park hôtel Mooser à Vevey quand éclate la guerre. [3] S'engage dans le pacifisme, publie en 1914 "Au-dessus de la mêlée" dans le Journal de Genève, "traître à la patrie" ostracisé. [4]

- Participe activement au CICR [5] et travaille pour "L'Agence internationale des prisonniers de guerre" pendant toute la durée du conflit.
- Liaison platonique avec l'américaine Thalie-Helena van Brugh de Kay. qui rejoint bientôt son pays.
- S'installe à Genève à l'hôtel Beauséjour jusqu'en juillet 1915, aidant la Croix-rouge installée dans des locaux du musée Rath.
- Épuisé, il part se reposer à Thoune, près d'Interlaken et rend visite à deux grands écrivains apôtres de la paix, Hermann Hesse à Berne et Carl Spitteler à Lucerne. [6]

- Retour à Genève, pour s'occuper de l'Agence des prisonniers de guerre. En fait, il se partage entre Genève et Sierre où les soldats alliés prisonniers sont hébergés.
Le 29 septembre 1918, il note « 1525ème jour de guerre. » Il sait que la fin du conflit est proche.

4- L'après-guerre et les années "Villeneuve", 1919-1938
Après la guerre, pas question de s’exposer aux nationalistes et anciens combattants. (son roman Colas Breugnon est boycotté)
Il reste à Villeneuve, villa Olga, pendant 16 ans de 1922 à 1938. [7]
Il y écrira à Villeneuve "L'âme enchantée", l'histoire d'une jeune femme Annette Rivière qui se bat pour vivre indépendante et conquérir sa liberté, 4 volumes écrits de 1922 à 1933,

--> Août 1929 : Rencontre d'une russe Maria Koudachev... près de 30 ans de différence, ils se marieront en 1934 à Villeneuve.
--> Décembre 1931 : Reçoit chez lui le mahatma Gandhi qui réside à Vevey chez sa sœur Madeleine.
--> Été 1935 : Voyage en URSS grâce à son ami Gorki... reçu par Staline. Mais l'année suivante, il prendra poliment ses distances avec les communistes.
Il est sous surveillance et sa situation en Suisse se dégrade.
--> 1938 : Avant son départ, paraît son livre sur Rousseau .
Il écrit à une amie : « La Suisse n'a pas pour moi perdu son charme mais je n'y respire plus assez de liberté. »

5- La retraite de Vézelay, 1938-1944
A Vézelay, il sent la guerre se rapprocher, écrivant : « La paix de Munich est une capitulation dégradante. » Il se tient à l'écart aussi bien du pacifisme que du régime de Vichy. [8]

À la Libération, peu avant sa mort fin 1944, il écrit dans son "Journal de Vézelay", « Dans mes rêves de malade, revient souvent le paysage de Villeneuve... Je garderai le regret de la maison au vieux noyer et du grand lac et de mes Alpes aux puissantes harmonies. »

Jusqu'à la fin de sa vie, le Prix Nobel de littérature 1915 correspondit en Suisse avec de grandes figures de son temps comme Sigmund Freud, Louis Aragon, Maxime Gorki, Rainer Maria Rilke, les indiens Gandhi et Tagore et son grand ami Stefan Zweig [9] qui écrivit sa biographie. Dans son "Journal de Vézelay" couvrant la période 1938-1944, il avoue son impuissance face au danger permanent de la guerre.

Notes et références
[1] Une sélection de leur correspondance est parue en deux volumes sous le titre "Chère Sofia" chez Albin Michel
[2] Il finira "Jean-Christophe" à Baveno sur les rives du lac Major en 1912
[3] Lors de la déclaration de guerre, il écrit dans son Journal : « Je suis accablé... Il est horrible de vivre au milieu de cette humanité démente et d'assister impuissant à la faillite de la civilisation. Cette guerre européenne est la plus grande catastrophe de l'histoire depuis des siècles, la ruine de nos espoirs en la fraternité humaine. »
[4] Voir son ouvrage intitulé "Journal des années de guerre", 1914-18 paru chez Albin Michel  - voir aussi Second journal des années de guerre -
[5] CICR : Croix-rouge de Genève
[6] Écrivains suisses, prix Nobel de littérature, Carl Spitteler en 1919 et Hermann Hesse en 1946. Voir aussi "Hermann Hesse et Romain Rolland", D'une rive à l'autre : correspondance, Paris, Albin Michel, 1972
[7] Le mobilier de sa chambre bureau de la villa Olga a été reconstitué dans une salle du musée d'art et histoire qui porte son nom à Clamecy dans le Nièvre où il est né.
[8] Voir ses "Carnets intimes"
[9] Voir Romain Rolland-Stefan Zweig. Correspondance t1 1910-1919, t2 1920-1927 et t3 1928-1940, Albin Michel, 2014-2016

Mes fichiers sur Romain Rolland
* Romain Rolland, Une vie --
* Romain Rolland par Stefan Zweig -- (Version wiki, Sa vie,son œuvre) --
* Romain Rolland en Suisse -- Biographie de Tolstoï --
* Romain Rolland, Bio de Tolstoï -- (Version wiki, Vie de Tolstoï) --

Voir également
* Riviera vaudoise et pôle culturel international -- Sur le Léman --

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<< Christian Broussas, Romain Roland 05/10/2021 © • cjb • © >>
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