John Ronald Reuel Tolkien, De Birmingham à Oxford
Du Hobbit au Seigneur des anneaux
Tolkien dans les années 60
1- Présentation
Quel contraste que cet homme assez banal en apparence, un enseignant bon père de famille, et son imagination débordante, le foisonnement de sa pensée, l'influence qu'il exerça ensuite. C'est par le hasard d'une promotion de son père Athur Reuel Tolkien, qu'il naquit un 3 janvier 1892 à Bloemfontein en Afrique du sud.Il y restera assez peu de temps. Trois ans plus tard en effet, sa mère regagne son Angleterre natale avec ses deux fils et s'installe chez ses parents à Birmingham puis dans sa banlieue à Sarehole. Il va puiser dans la campagne environnante une foules d'images, d'impressions et de sensations qui nourriront un jour ses œuvres.
Le moulin de Sarehole Oxford : northmoor road
Sandfield road Headington
Son enfance est marquée par la disparition de ses parents : il a guère plus de 3 ans quand son père meurt d'une maladie infectieuse en février 1896 et une douzaine d'années quand il perd sa mère, victime de complications diabétiques. John Ronald Tolkien et son frère Hilary Arthur sont alors confiés au père Francis Morgan de l'oratoire de Birmingham. Le jeune garçon va poursuivre ses études pendant onze ans à la King Edward's scholl, s'intéressant très tôt à la structure du langage à travers l'étude du vieil anglais ou l'étude critique de Beowulf, un poème épique du VIIIè siècle. En 1908, il rencontre Edith Bratt mais le père Morgan son tuteur s'oppose à cette liaison et menace de lui couper les vivres. D'une patience à toute épreuve, il attendra plusieurs années avant de la revoir et de l'épouser.
2- Mariage et Première guerre mondiale
En août 1914, Tolkien en vacances dans les Cornouailles, écrit son poème « Le Voyage d'Éarendel », début de la mythologie du Silmarillion. Il affirme ses ambitions littéraires avec ses amis du TCBS, [1] rêvant de "changer le monde". Le climat militaire ne lui convient guère et il écrit à Edith qu'il a épousé le 22 mars 1916 à Warwick « les gentlemen sont rares parmi les officiers, et les êtres humains même sont rares. » [2] Peu après, il est envoyé en France sur le front mais il n'y restera que six mois, rapatrié le 8 novembre 1916, victime de la fièvre des tranchées. Il profite de sa convalescence à Great Haywood, dans le Staffordshire pour écrire La Chute de Gondolin, premier des Contes perdus.
3- De Leeds à Oxford
Après la guerre, il s'établit à Oxford avec sa famille, travaillant sur l’histoire et l’étymologie des termes d’origine germanique pour l’Oxford English Dictionary puis part à Leeds pour enseigner la littérature anglaise tout en poursuivant ses recherches sur son univers fictionnel avec les contes perdus et l'utilisation de vers "allitératifs" pour l’histoire des Enfants de Húrin. Après quelque cinq années passées à Leeds, il retourna à Oxford, enseignant aux collèges de Rawlinson et de Bosworth pendant vingt ans, puis dans la banlieue d'Oxford à Merton, toujours pour enseigner. La retraite venue, il passa quelque temps au bord de la mer avant de regagner Oxford après la mort de sa femme. [3]
4- Du Hobbit au Seigneur des anneaux
Tolkien, écrivain atypique, cherche avant tout à créer son univers personnel, un monde surnaturel, légendaire, celui de la Terre du Milieu, publiant dès 1939 un essai intitulé Du conte de fées sur la fantasy, féérie ou la magie joue un rôle déterminant dans la fantasmagorie romanesque. Son cercle littéraire, Les Inklings l'encourage dans cette voie, en particulier son ami CS. Lewis le futur auteur du Monde de Narnia. Son obsession, c'est l'élaborer une vaste fresque mythologique avec son univers, ses personnages, sa sociologie ainsi que son propre langage.
Les formes de langage représentent son domaine d'investigation favori, il est d'abord un philologue (dans le sens d'étude et d'analyse critique d'un langage) qui s'intéresse très tôt aux langues germaniques et apprend le 'vieux norrois, parler primitif des scandinaves. Irène Fernandez dit de lui qu'il est « un philologue de l'âme, il a inventé des langues très élaborées, des personnages pour les parler et toute une mythologie où se déploient leurs aventures. » [4]
Son succès s'est construit en grande partie sur un malentendu : sa trilogie Le Seigneur des anneaux était au départ dans son esprit plus une commande, une extension de son conte pour enfants Le Hobbit, que son éditeur lui réclamait depuis longtemps, pour qu'il se résolve à la publier en 1954-1955. Malentendu entre la contestation, les hippies qui ont largement contribué au succès du "Seigneur des anneaux", un temps symbole de l contre culture, et la vision chrétienne de Tolkien, fervent catholique, qu'il ne souhaitait pas faire transparaître dans ses livres car, disait-il, « Le Seigneur des anneaux est une œuvre catholique de part en part, c'est pourquoi j'ai effacé toute allusion religieuse. »
Il gardera toujours ancrée en lui une grande mélancolie dont on retrouve la tonalité dans Le Seigneur des anneaux, qui semble résulter de la mort prématurée de ses parents et de l'enfer des tranchées qu'il subit en 1916 et où il perdit des amis très proches. Frodo son héros ne parviendra pas à détruire l'anneau de pouvoir que convoite Sauron mais par un heureux hasard, c'est Gollum qui malgré lui, réussira. Mais ici rien n'est jamais acquis et le Mal que Sauron personnifie, reviendra un jour sous une forme différente.
Tolkien s'échinera sur sa "grande œuvre" Le Silmarillion le reste de sa vie, laissant à sa mort une somme de textes et de documents considérables que Chritopher, l'un des ses trois fils, finira par rassembler et publier à partir de 1977 sous le titre Histoire de la Terre du Milieu en 12 volumes.
5- Repères bibliographiques
- Humphrey Carpenter et Vincent Ferré, "J R R. Tolkien, une biographie", réédition Pocket, novembre 2004, 318 pages, isbn 2266146262
- Irène Fernandez, " Et si on parlait du Seigneur des Anneaux", Presses de la Renaissance, 112 pages, décembre 2003, isbn 2856168639, "Défense et illustration de la féerie : Du Seigneur des anneaux à Harry Potter", une littérature en quête de sens, éditions Philippe Rey, 192 pages, mai 2012, isbn 2848762071
- Irène Fernandez, "Mythe, Raison Ardente - Imagination Et Réalité Selon C.S. Lewis, éditeur Ad Solem, 518 pages, novembre 2005
[1] TCBS : Tea Club Barrovian Society
[2] Cité par John Garth dans "Tolkien and the Great War", éditions HarperCollins, 2003, isbn 0-00-711953-4
[3] « ... Il s’installa dans une banlieue d’Oxford très conventionnelle où il passa le début de sa retraite : déménagea dans une ville quelconque du bord de mer ; retourna à Oxford après la mort de sa femme ; et mourut paisiblement à l’âge de quatre-vingt-un ans. » ( Carpenter, "J. R. R. Tolkien, une biographie", page 127)
[4] Voir son interview dans "Le Figaro littéraire" du 7/12/2012
<<<<<<<<<<<<<<< Christian Broussas - Feyzin - 27 janvier 2013 - <<<<<< © • cjb • © >>>>>>>>>>>>
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