mardi 5 février 2013

Éric-Emmanuel Schmitt, Un homme trop facile

Référence : Éric-Emmanuel Schmitt, « Une homme trop facile », éditions Albin Michel, janvier 2013, 205 pages 



Paraphrase du «Misanthrope» de Molière qui se déroule dans l'univers des comédiens, la pièce est partiellement écrite en vers. 

Une nouvelle pièce de théâtre d’Éric-Emmanuel Schmitt  est toujours un événement. Après Petits crimes conjugaux et La tectonique des sentiments, il a choisi cette fois d’écrire une pièce de théâtre sur le théâtre. Cette pièce a été créée au théâtre de la Gaîté-Montparnasse le 12 janvier 2013 dans une mise en scène de Christophe Lindon avec Roland Giraud, Jérôme Anger et Julie Debazac.

Dans la pièce d'Éric Emmanuel Schmitt « Un homme trop Facile ? », Roland Giraud incarne un comédien populaire qui s'apprête à jouer le rôle d’Alceste. Oui mais voilà, le vrai Alceste, celui du Misanthrope de Molière, revient le titiller, spectre apparaissant dans un miroir, que seul Alex peut voir. Intéressant fac à face entre l'Alceste de Molière et le personnage moderne en prise avec son époque, d'autant plus qu'Alex ne fait guère que jouer son personnage alors que son double de 1666 l'incarne vraiment. On retrouve aussi d'autres personnages comme Joséphine, la fille d’Alex, une espèce d'Agnès de « L’École des femmes », innocente et ingénue, ou Odon Fritz qui lui, tient plutôt du petit marquis, assez grossier et parvenu.

Le spectacle devrait normalement bien se dérouler. Cependant, Alceste n'est pas content, son contemporain ne lui ressemble pas du tout  : Alex, le nouvel Alceste, est un homme aimable et tolérant et l'AUTRE lui interdit de l'incarner sur scène. En fait, il sont fort différents et même de caractère antinomique : l'idéaliste qui se rebelle contre la condition humaine et le réaliste indulgent et compréhensif, celui qui voudrait changer le monde et celui qui l'accepte tel qu'il est.

Eric-Emmanuel Schmitt - Un homme trop facile. 

Mais au fait, Célimène, jeune femme plutôt superficielle et quelque peu vaniteuse, doit bien avoir son mot à dire, doit bien pouvoir trancher entre les deux, entre celui qui accepte, qui refuse de peser sur le futur et celui qui voudrait tout changer et peut-être faire le bonheur des hommes, quitte à le faire contre les hommes eux-mêmes.


Citations tirées de cet ouvrage
* « Les complications des femmes ont spiritualisé nos envies sexuelles et créé une sorte d’hybride que l’on appelle l’amour. » page 46
* « par quelle aberration / Subis-je de vos mots l’horrible contagion ?
      Je parle à douze pieds, ma prose a pris la fuite / Me voici affecté d’une "alexandrinite" ! »
… et voilà qu’Alex comme Alceste se met à parler en vers… page 104
* « L’âme est une boîte de peintre, monsieur, qui possède toutes les couleurs, renferme l’arc-en-ciel, contient d’infinies nuances… » page 151
* « Pourquoi le vent soufflerait… les saisons passeraient, et nous, nous ne changerions pas ? Comment serions-nous seuls permanents dans un univers impermanent ? » page 173
* « Pour être aimé, il faut plaire. Mais plaît-on par ses vertus ? » page 174
* « Le monde est un théâtre, Alceste… ne restez pas derrière le miroir. Prenez le risque de vivre. » page 193
* « Le monde est un théâtre mais nous y tenons plusieurs rôles. » page 194


Le théâtre d’Éric-Emmanuel Schmitt
* La nuit de Valognes,  1991 – Le visiteur, 1993 (Molière du meilleur auteur)
* Golden Joe, 1995 – Variations énigmatiques, 1996 – Le libertin, 1997
* Frédérik ou le boulevard du crime, 1998 – Hôtel des deux mondes, 1999
* Petits crimes conjugaux, 2003 – Mes Évangiles (La nuit des oliviers, L’Évangile selon Pilate), 2004 – La tectonique des sentiments, 2008

*
Voir aussi Le théâtre de EE Schmitt


Compléments : Interview et  musique 

Mes articles sur Éric-Emmanuel Schmitt
--  Éric-Emmanuel Schmitt  Biographie  --  Le cycle de l'invisible  --  Les deux messieurs de Bruxelles -- L'élixir d'amour --
-- Le bruit qui pense  --  EE Schmitt entre réel et sentiments

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