vendredi 30 janvier 2015

Anne Wiazemsky, Un an après

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Référence : Anne Wiazemsky, "Un an après", éditions Gallimard, 202 pages, décembre 2014

le couple Godard-Wiazemsky, couple improbable ? Elle se balade dans le joli mois de mai 1968 avec l'insouciance de sa jeunesse, sans véritable engagement politique, tandis que lui suit les événements avec enthousiasme, même s'il est en porte à faux par rapport au mouvement, avec sa posture de rebelle maoïste qui rejette tous les systèmes.

Anne Wiazemsky et Godard en 1967

Ce couple, dont elle avait raconté les doux émois dans un précédent roman Une année studieuse paru en 2012, va finalement se déliter comme les événements eux-mêmes.Ces deux romans forment avec Jeune fille une sorte de trilogie qu'Anne Wiazemsky préfère appelé un triptyque. [1]

Jean-Luc Godard et Anne Wiazemsky, sitôt mariés, emménagent à Paris en janvier 1968 au 17 de la rue Saint-Jacques, en plein Quartier Latin. Il a 37 ans, elle a 20 ans. Le mois suivant, branle-bas chez les cinéastes français pour défendre Henri Langlois, viré de la direction de la Cinémathèque.

Elle va nous entraîner à travers un Paris en ébullition, la fermeture de l'université de Nanterre, le 3
mai, l'occupation de l'Odéon le 15 mai ou l'interruption du festival de Cannes, le 19 mai. Anne ;ne perd pas de temps, elle continue de tourner La Bande à Bonnot avec Jacques Brel et Annie Girardot et court assister aux manifs, juste à côté de chez elle, en patins à roulettes. Anne Wiazemsky est très intéressée au début par la ferveur, la spontanéité qui se dégage du monde étudiant, par opposition aux forces de l'ordre qu'elle décrit ainsi : « À la hauteur du square Paul-Painlevé, la vision de la Sorbonne encerclée par des cordons de policiers nous stupéfia. Pendant quelques minutes nous avions complétement oublié ce qui se passait à Paris, ce 4 mai 1968, et cette vision était horrible. Casqués, armés de boucliers et de matraques, ces policiers faisaient peur. »

Elle prend ensuite ses distances vis-à-vis de ce qu'elle considère comme des débordements, contrairement à Godard qui fantasme sur la naissance d'un cinéma engagé sans créateur omnipotent, qu'elle présente ainsi dans une manif : « Jean-Luc, fasciné, s’avança alors vers les policiers, seul, les poings refermés à la hauteur de la poitrine comme pour se protéger des coups qu’il allait provoquer en réponse aux siens. Il ressemblait à un boxeur dans un film noir américain, à un samouraï dans un film japonais.»
Des univers qui ont du mal à se comprendre, qui s'écartent inéluctablement. 

                   

Notes et références
[1]
Voir son interview sur le site Gallimard Un an après, entretien


* Voir aussi 
* Ma fiche sur Anne Wiazemsky
* Mon site "Portraits de femmes" 

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