dimanche 11 janvier 2015

Saint-Pétersbourg et ses écrivains

Saint-Pétersbourg : itinéraire littéraire                                       

« Alexandre Pouchkine, Fiodor Dostoïevski, Nicolas Gogol, Maxime Gorki...  »

1- Pouchkine et Dostoïevski

Saint-Pétersbourg, siège du pouvoir et centre intellectuel de l'Empire russe durant deux siècles, a attiré les plus grands écrivains russes et leur a été une source d'inspiration majeure. Deux écrivains, parmi les plus grands des écrivains russes, y moururent et y sont enterrés : Alexandre Pouchkine et Fiodor Dostoïevski. Plusieurs monuments portant leur effigie témoignent de leur importance et de leur place dans la cité.

Description de cette image, également commentée ci-après           
     Fiodor Dostoïevski              Alexandre Pouchkine         

 
Des visites guidées sur les lieux qu’ils ont fréquentés dans la ville sont régulièrement organisé et les appartements des deux écrivains, transformés en musées, figurent en bonne place dans les itinéraires touristiques.

Dostoevski_Alexandre_Nevsky.jpg  Tombe de Dostoëvski au cimetière Tikhvine à St-Pétersbourg
 
Alexandre Pouchkine est une figure emblématique de la ville. Gavrila Dejavine, poète, sénateur et ministre de la Justice, fut aussi le précepteur du jeune Pouchkine à Tsarskoïe Sélo. Pouchkine a plusieurs fois évoqué la ville dans son œuvre, en particulier dans l’un de ses poèmes les plus connus intitulé Le Cavalier de bronze de Pouchkine, publié en 1833, premier texte qui prend pour thème Saint-Pétersbourg.

Son poème fait allusion à la statue équestre de Pierre le Grand qui se dresse sur la place des Décembristes et fut inaugurée en 1782 par Catherine II, qui voulait ainsi honorer son illustre prédécesseur. Elle est due au sculpteur français Étienne Maurice Falconet (1716-1791). Le tsar apparaît dans un large mouvement, le doigt dressé vers la Néva, regardant vers la forteresse Pierre et Paul, son cheval terrassant le serpent de la trahison. Le poète Nikolaï Nekrassov, l’auteur du célèbre poème intitulé "Les femmes de Russie" en 1871-72, rédacteur de la revue "Le Contemporain" fondée par Pouchkine, est considéré comme son digne successeur.

Dostoïevski a passé une grande partie de sa vie d'adulte à Saint-Pétersbourg et s’est souvent des sites de la ville comme toile de fond dans ses œuvres, surtout les quartiers populaires où vivaient des petits employés et des ouvriers, en particulier dans Les Pauvres Gens, Le Double, Les Nuits blanches, L'Idiot et Crime et Châtiment. [1]

Ces deux illustres écrivains ont plusieurs fois été poursuivit et condamnés par le pouvoir impérial, pratique continuée après la Révolution d'octobre qui a sévi contre nombre d’écrivains vivant à Saint-Pétersbourg.


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Musée Pouchkine Musée Dostoïevski 

2- Maxime Gorki et Nicolas Gogol

Maxime Gorki eut une activité intellectuelle intense quand il vécut à Saint-Pétersbourg (alors appelée Petrograd) faisant vivre sa maison d'édition ou fondante par exemple en 1919 avec Chaporine, Anatoli Vassilievitch Lounatcharski et Alexandre Blok, le Grand Théâtre dramatique de Petrograd. [2] Alexandre Blok est un poète pétersbourgeois le 28 novembre 1880 qui y est également décédé le 7 août 1921. « Alexandre notre Soleil », écrira Anna Akhmatova le jour de ses obsèques.

Maxime Gorki résida à Petrograd pendant les années révolutionnaires alors que la ville est en proie à des difficultés terribles, qu'il décrit ainsi [3] : « La révolution va s'approfondissant à la gloire de ceux qui font du corps vivant du peuple ouvrier le champ de leurs propres expériences(...) Petrograd meurt comme ville et comme centre de la vie spirituelle. Et, dans ce processus de dépérissement, on sent la terrible soumission au destin, l'attitude passive des Russes face à la vie. » [4]
tumb   Effigie de Gorki

Sans doute l’atmosphère particulière qu’on prêtait à la ville, quelque peu fantastique et éthérée, se retrouve dans certains récits de Nicolas Gogol qui passa à Saint-Pétersbourg plusieurs années dont il ne garde pas un très bon souvenir, surtout dans les Nouvelles de Pétersbourg et écrivait en 1835 dans La Perspective Nevski : « Ici tout est mensonge, tout est rêve, tout est différent de ce qu'il paraît. » Dans le premier, il décrit un univers fantastique et cocasse, satire de la société russe de son temps dont Nabokov écrira : « l'essence de l'humanité est dérivée d'une manière irrationnelle du chaos de faux-semblants qui compose le monde de Gogol ».

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Vladimir Nabokov maison natale  --  Effigie de Gogol  métro Gorkovskaïa

3- Les écrivains du XXème siècle

Même dans les pires difficultés, [5] la vie intellectuelle fut intense à Saint-Petersbourg. En 1921, un groupe d'une douzaine d'écrivains nommé Les Frères Sérapion [6] se constitua et s'installa à à la Petrogradsky Dom Iskusstv (Maison des Arts de Petrograd), située sur la Perspective Nevski, dans l'ancien palais du gouverneur de Saint-Pétersbourg. Le groupe, bientôt rejoint par l'écrivain Ievgueni Zamiatine, occupa l'aile du palais située le long du quai de la Moïka, lieu à l'origine de l'expression Dom na naberezhnoi. (Maison sur le quai)

On trouve aussi nombre d’écrivains du XXe siècle, originaires ou qui ont vécu à Saint-Pétersbourg. Outre Andreï Biély, auteur du roman symboliste Pétresbourg et Ieygueni Zamiatine, les plus connus sont Vladimir Nabokov, auteur de la célèbre Lolita, et Anna Akhmatova, l’Égérie des acméistes, surnommée la "reine de la Néva", qui joua un rôle important dans l’essor de la poésie russe et s’opposa au stalinisme dans son recueil intitulé Requiem. [7]

Il faut faire une place particulière à l’écrivain Joseph Brodsky, poète pétersbourgeois important du XXe siècle, né à Saint-Pétersbourg (alors Léningrad) en 1940, prix Nobel de littérature en 1987. S’il vécut aux États-Unis après son expulsion de Russie soviétique en 1972, son œuvre est en partie marquée la tradition péterbourgeoise et par le mouvement poétique des acméites. [8]

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St Pétersbourg : musée Akhmatova               Maison natale d'Alexandre Blok
 

4- L'appartement-musée de Pouchkine à Saint-Pétersbourg

Adresse : 12 rue de la Moïka, Accès métro Kropotkinskaïa

C'est la dernière résidence d'Alexandre Pouchkine, de sa femme Nathalia Pouchkina, leurs 4 enfants et les 2 sœurs de Nathalia, dans un appartement cossu donnant sur le quai de la Moïka -au numéro 12- de novembre 1836 jusqu'au jour du duel qui lui fatal le 29 janvier 1837. Fidèlement reconstitué, il représente l'hommage de la nation à celui qu'elle considère comme son plus grand poète et auquel elle organise le 10 février de chaque année la Journée de mémoire de Pouchkine.

La visite permet de voir dans les différentes pièces de l'appartement des objets de sa vie quotidienne, des gravures, des copies de manuscrits et même la lettre -que Pouchkine écrivit en français- qui fut à l'origine du duel qui lui fut fatal. On peut naviguer dans la salle à manger, le salon en acajou, le boudoir, et surtout son cabinet de travail avec sa superbe bibliothèque, composée à l'origine de quelque 4 000 ouvrages écrits en 14 langues rangés dans les nombreux rayons.

L'appartement-musée Pouchkine :
tumb  tumb  La bibliothèque et le salon

5- Données complémentaires

Notes et références
  1. ↑ Il existe à Saint-Pétersbourg un appartement-musée Dostoïevski qu'il occupa de 1878 à 1881, situé Dootsevskovo 2, Accès métro Novoslobodskaïa
  2. ↑ Gorki a aussi travaillé comme éditeur avec Ievgueni Zamiatine sur le projet de « littérature mondiale »
  3. ↑ Voir son ouvrage : Maxime Gorki, 1917-1918, "Nesvoevremennye mysli" (Pensées intempestives 1917-1918), 1975, Lausanne, éditions L'Age d'homme.
  4. ↑ Voir le site Petrograd 1918 : célébrer la Révolution
  5. ↑ Voir 1921, l'orage éclate à Petrograd
  6. ↑ Ce sont : Nikolaï Tikhonov, Benjamin Kaverine, Mikhaïl Zochtchenko, Victor Chklovski, Vsevolod Ivanov, Elisaveta Polonskaïa, Ilya Gruzdev, Mikhaïl Slonimski, Lev Lunts, Vladimir Pozner, Nikolaï Nikitine et Konstantin Fedin.
  7. ↑ Il existe à Saint-Pétersbourg un appartement-musée Anna Akhmatova dans une annexe du Palais Cheremetev, Liteiny 53, Accès métro Mayakovskaya
  8. ↑ L’acméisme est un mouvement poétique russe célèbre vers 1910, sous la direction de Nikolaï Goumilev, de sa femme Anna Akhmatova et de Sergueï Gorodetski. Acmé signifiant en grec « apogée, zénith ».
Bibliographie :
- Arcadi Vaksberg, "Le Mystère Gorki",traduction Dimitri Sesemann, éditions Albin Michel, 452 pages et le site Gorki à Capri, c'est fini
- Dostoïevski par Olivier Barrot
- Abram Tertz, "Promenades avec Pouchkine", traduction Louis Martinez, Éditions du Seuil, ISBN 2-02-004429-3, 1976
- Henri Troyat, "Pouchkine", éditions Librairie Académique Perrin, 808 pages, mai 1999


Voir aussi mes fiches sur St Pétersbourg
* Balade à Saint-Pétersbourg
Le palais de Tsarskoie-Selo et Le Palais de Peterhof
* Le Palais de Pavlovsk et Le Parc de Pavlovsk

Voir aussi :
- Appart. musée Dostoïevski  ----  Appart. musée Alexandre Blok
- Appart. musée Pouchkine et Institut Pouchkine et Appart. musée Nabokov

En complément :
- écrivains russes  ----  St Petersbourg-Pavlovsk St Pétersbourg Le routard
- St Petersbourg-Pavlovsk St Pétersbourg Le routard  ----  Guide Photos                 


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