Référence : Anne Stuart, La sage-femme d'Auschwitz, éditions City, traduction Maryline Beury, 304 pages, mars 2024
« L’amour
ne peut pas être anéanti par les fusils, les chars et les idéologies
abjectes. L’amour ne peut pas mourir à cause de la distance ou de
l’absence, à cause de la faim ou du froid, des coups ou des
humiliations… »
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Une
histoire que les scénaristes auraient eu du mal à imaginer. Comme quoi,
comme l'on dit, la réalité dépasse la fiction... surtout pendant la
guerre où tout est possible, même le pire comme va le démontrer la vie
d'Ana.
Lorsqu’elle arrive à Auschwitz avec son amie infirmière Ester,
le camp d'où on ne revient pas, elle ne se fait guère d'illusions sur
son sort. Beaucoup ne le savent pas encore ou espèrent vaguement qu'un
miracle surviendra. Pour Ana, le miracle viendra de son métier : elle est sage-femme et pour les nazis,
c'est un vrai sésame, le fait d'être indispensable, d'avoir un prix,
contrairement à tous ces pauvres sacrifiées à la folie nazie.
Elle fait donc ce qu'on lui demande : donner naissance à ces enfants qui normalement ne reverront jamais leur mère. Dès leur naissance, les nouveau-nés sont enlevés à leur mère pour être à des familles allemandes. Une véritable industrie, un crime d'état légale qui semble n'affecter aucun des protagonistes.
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Mais Ana supporte
de plus en plus difficilement le rôle qu'on lui fait jouer. Un jour,
elle pense à une solution, sa façon à elle de refuser le système auquel
elle est elle-même soumise.
Secrètement bien sûr, puisqu'elle risque sa vie à tout moment, Ana tatoue chaque nouveau-né du
numéro de déportée que porte sa mère. Peut-être se dit-elle que ce
procédé permettra à certains de retrouver leur mère, dans un futur
incertain. Elle pense sans doute que, même aléatoire, son geste se veut
comme une petite lumière d'espoir dans cet univers noir et fermé.
Pendant sa déportation, Ana va mettre au monde quelque 3000 bébés
dans des conditions inimaginables qui vous prennent aux tripes et qui
expliquent que beaucoup ne survivront pas à ces conditions, avec des
mères tellement dénutries qu'elle ne pourront de toute façon pas
allaiter leur enfant.
Un beau livre pas évident à lire tant les événements décrits sont terribles, incroyables,
que ce soit les conditions de vie dans le camp, le froid saisissant qui
règne partout, les rats omniprésents, les maladies comme le choléra qui
déciment les prisonnières, les accouchements dans des conditions
inimaginables. Sans parler des derniers temps, celui de l'avancée des Alliés et le sauve-qui-peut final synonyme de tous les excès.
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Comme elle l’écrit : « Le
monde est un endroit terrifiant. Il l’est devenu le jour où les nazis
ont commencé à nous piétiner […] Ils nous ont volé notre passé, ils
dominent encore notre présent, et qui sait dans quelle mesure ils n’ont
pas déjà dévasté notre avenir… »
La "vraie" Ana, qui s'appelait en réalité Stanislawa Leszczynska, béatifiée par l'église catholique dans les années 1990, a laissé un témoignage de sa vie et de son activité au camp d'Auschwitz dans un livre intitulé Le Rapport d’une sage-femme d’Auschwitz.
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Complément : La sage-femme de Berlin
Anne Stuart a écrit une suite intitulée La sage-femme de Berlin, basée sur la figure d'Ester, l'amie d'Ana, qui vit avec son mari et ses enfants à Berlin-Est à l'époque de la la Guerre froide.
Elle n'a qu'un désir : retrouver sa fille née à Auschwitz
en 1943 et confiée à un couple nazi. Elle pense y parvenir quand en
1961 se dresse un immense mur qui coupe la ville en deux, brisant ses
espoirs de retrouvailles.
Voir aussi
* Matricule 41335 -- Primo Levi, Si c'est un homme --
* Stanislawa Leszczynska et Mengele -- La goûteuse d'Hitler --
* - Irena Sandler - Une femme à Berlin -
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