Georges Duby : Guillaume le maréchal

Référence : Georges Duby, Guillaume le maréchal ou le meilleur chevalier du monde, éditions Fayard, Les inconnus de l'histoire, 186 pages, décembre 1984

Chevalerie et féodalité

              

Guillaume Le Maréchal vient d'un modeste lignage. Homme du XIIème siècle né sous le règne d'Étienne de Blois [1], il est toujours demeuré fidèle aux Plantagenêt. [2] En contrepartie, il reçut l'un des plus beaux fleurons de la couronne Isabelle de Clare, comtesse de Pembroke et de Striguil titulaire de plusieurs dizaines de fiefs. Il atteignit la gloire en devenant Régent du jeune Henri III, remportant contre le futur Louis VIII la bataille de Lincoln en 1217, obligeant le dauphin de France à retraverser la Manche.

Comme dans ses ouvrages Le dimanche de Bouvines et Le chevalier, la femme et le prêtre, Georges Duby brosse ici à travers la vie de Guillaume Le Maréchal, un tableau de la vie  et des jeux de pouvoir qui ont marqué le XIIème siècle.

* L'esprit chevaleresque : la mort ignominieuse du comte de Salisbury tué par le sire de Lusignan Hugues IX (p 97)

« Il fut frappé à mort par derrière, à la poitevine... Cette agression fit scandale. On la dénonça comme un crime. À double titre : la morale des guerriers prescrivait... de ne pas occire un chevalier, surtout de cette façon. » Guillaume se jeta au secours de son oncle mais faillit succomber sous le nombre. Il fut fait prisonnier puis libéré après remise de rançon. Mais son prestige fut immense.

* La croissance autour de l'an 1200 : la féodalité (p 94)

               

Autour de l'an 1200, « on était dans le plein de la croissance qui emportait  alors l'Europe, dans le temps fort d'un développement prodigieux qui fit d'un même élan s'accélérer la circulation monétaire, se fortifier les structures étatiques... et à l'individu de se hausser par l'argent dont le flot se gonflait, soit en captant les faveurs d'un prince mieux pourvu... »

Vers 1150, on constate une brusque croissance marquée par une augmentation des échanges monétaires. Les fidélités féodales cèdent alors peu à peu le pas à l'argent : naissance du prêt et de l'usure, coût de l'équipement du chevalier. (p 108)

           

 * Honneur et argent
Dans les tournois, on ne jouait pas que pour l'honneur mais aussi pour ravir armes, harnais, destriers... et faire des prisonniers. Ces prises, réparties entre tous, ajoutaient ainsi à la solde une part du butin, surtout pour les non nantis, les "bacheliers". [3]
- voir l'histoire du Maréchal p 125
- voir les prises de guerre p 135

Les fiefs appartenaient au seigneur comme les femmes veuves sans descendance mâle à la disposition de leur seigneur : ex du roi Henri II p 148

       

* Féodalité et évolution des mentalités
Les tournois sont organisés par des intermédiaires dans leur aire géographique. (France, nord, Bourgogne, pays de Loire, Bretagne, Normandie) Ils pratiquent "l'esclandre", réseau de communication managés par des "hérauts". (p 116)
Ils sont l'occasion d'exprimer les rivalités, surtout entre grands seigneurs où l'argent joue un rôle primordial.
Par exemple au tournoi de Lagny vers 1200, Henri le jeune aligne un effectif énorme, quelque 200 chevaliers, [4] recrutés parmi les meilleurs. Ces transferts donnaient lieu à des marchandages considérables comme le montre l'exemple de Guillaume le Maréchal en 1183. [5] (p 120)

Georges Duby et Claude Lévi-Strauss

Notes et références
[1] Petit-fils de Guillaume le conquérant
[2] Henri II, son fils Henri le jeune puis ses frères Richard  cœur de lion et Jean sans terre
[3] Bachelier : Jeune gentilhomme aspirant à devenir chevalier et qui servait sous la bannière d'un seigneur pour y apprendre le métier des armes
[4] Formation multinationale : 80 chevaliers dont 15 portant bannière ( ayant une équipe déjà formée)
[5] D'après le livre de comptes d'Henri le jeune et le chansonnier chargé de rimer la vie de Guillaume.
 
Voir aussi
* Georges Duby, Sur la trace de nos peurs + Contrastes du Moyen âge -
* Introduction à l'époque médiévale -- Grégoire de Tours --
* Romée de Villeneuve -- Béatrice de Savoie -- Amédée IV de Savoie --

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