Référence : Patrick Modiano, Dans le café de la jeunesse perdue, éditions Gallimard, collection Blanche, Octobre 2007, édition de poche Folio, janvier 2009, photographie de René-Jacques
« Jeunesse perdue, temps retrouvé. » Interview aux Inrockuptibles
« Des deux entrées du café, elle empruntait toujours la plus étroite, celle qu'on appelait la porte de l'ombre... »
Telle est la première phrase du roman.
Début des années 1960, les jeunes étudiants se réunissent dans un bistrot de l'Odéon, le "Condé". C'est là que se retrouvent les quatre narrateurs du roman : un étudiant des Mines, un ancien des RG, l'héroïne du roman Jacqueline Delanque, dite Louki [1] et Roland, un tout jeune écrivain, qui vont donner leur version de la situation .
1- L'étudiant se souvient bien de la vie au "Condé", des allers et venues de Louki, 22 ans, qui avait l'air d'être seule et de vouloir changer de vie.
2- L'ex RG Caisley avoue que le mari de Louki, Jean-Pierre Choureau, l'avait chargé de la localiser. Son enquête va lui permettre de connaître son enfance du côté du Moulin-rouge où sa mère travaillait.
3- Louki
parle de son enfance, de ses fugues, des bars mal famés du 18 ème
qu'elle fréquentait alors. Elle évoque les hommes qui l'ont aimée, Jean-Pierre Choureau, Roland, Guy de Vere un "ésotériste" qui l'a influencée.
4- Roland se souvient très bien de Louki, leur rencontre et leur amour. Il écrivait alors un essai sur ce qu'il appelle les "zones neutres". Comme elle, il se cherchait et voudrait partager ses pensées mais elle ne répondait pas à son attente. C'est au "Condé" qu'il apprendra que Louki s'est défenestrée...
Les lieux évoqués sont très explicites comme l'Odéon, Le Moulin rouge, La place de l'Étoile que parcourt Louki, ou moins évidents, "zones neutres" comme la rue d'Argentine.
À travers le puzzle qu'il tente de reconstituer, [2] il dresse le portrait de cette jeune femme à l'enfance abîmée et le Paris de la décennie 1960 où se dégagent une grande poésie autant qu'une curieuse impression de flottement, caractéristique de Modiano. N'a-t-il pas dit dans une interview au Monde qu'il faut : « rendre la fiction plus troublante, plus magnétique. »
Notes et références
[1] Voir Dans la peau de Patrick Modiano, de Denis Cosnard (Fayard, 2011) où un chapitre est consacré au roman, en particulier à
la véritable Jacqueline dont s’est inspiré Patrick Modiano.
[2] Dans la revue Relief, Manet van Montfrans, dans son article "Dante chez Modiano", montre les liens entre ce roman et La divine comédie de Dante, notamment les pérégrinations des personnages qui renvoient à celles de Dante.
Voir aussi
*► Mon Site Modiano et Ma Catégorie Modiano --
*► Présentation de Le Monde --
*► Présentation de 5 romans
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