mercredi 3 juillet 2019

Patrick Modiano, Accident nocturne

 Référence : Patrick Modiano, Accident nocturne, éditions Gallimard, collection Blanche, octobre 2003, collection Folio, 2005,  collection Quarto, 2013

       
                            Place des Vosges et Hôtel Régina où débute le roman

On peut rapprocher ce roman d'un autre roman de Modiano intitulé Remise de peine, paru en 1988, où il retraçait une période de sa petite enfance vécue à Jouy-en-Josas, en particulier un accident dont il avait alors été victime. Il va repenser longuement  à cet accident, recherchant à reconstituer la scène, au point d'en faire la relation et d'écrire ce roman. [1]

Fil conducteur
Un jeune homme d'une vingtaine d'années vingt ans  se balade au hasard dans les rues de Paris quand il se fait renverser place des Pyramides par une automobile, une « Fiat couleur vert d'eau ». Il est rapidement transféré vers l'Hôtel-Dieu ainsi que avec la conductrice elle aussi blessée dans la collision. On lui diagnostique une plaie au pied et il est alors transféré dans la clinique Mirabeau située dans XVIe arrondissement.


Pendant sa convalescence, il repense à un accident similaire qui lui était arrivé au cours de sa prime jeunesse rue du Docteur-Kurzenne à Jouy-en-Josas où il résidait alors. [2] Il se souvient fort bien de l'odeur forte de l'éther et de la présence d'une jeune femme à côté de lui. Mélangeant les deux accidents, dès sa sortie de la clinique, il se met en tête de partir  à la recherche de la conductrice — dont il a retenu le nom, Jacqueline Beausergent et une adresse au square de l'Alboni [3]— dans le quartier des jardins du Trocadéro. Laissant son appartement de la rue de la Voie-Verte [4] Et effectivement, Il la retrouvera par hasard dans un bar-restaurant de la rue Vineuse à l'enseigne de Vol de nuit. 

          
Cet exercice subtil, a priori improbable, repose sur des données fragiles qui brisent toute certitude, sujettes à l'oubli, aux souvenirs aléatoires, aux à-peu-près et aux recompositions.

Mais finalement, après tous ces flottements, après toute sa longue recherche, il finira par retrouver cette femme à travers une réalité plus légère qu'on eût pu imaginer.
On retrouve ici tout l'univers si particulier de Modiano.

 

*Notes et références
[1] Interview de Laurence Liban, L'Express, 1er octobre 2003
[2] Modiano a effectivement résidé à cet endroit dans sa jeunesse, voir par exemple un roman plus récent qui s'intitule Chevreuse.
[3] Il existe effectivement  à Paris un square Alboni ainsi qu'une rue de l'Alboni
[4] La rue de la Voie-Verte fut renommée en 1945 en rue du Père-Corentin en hommage au Père Corentin Cloarec (1894-1944), résistant assassiné en juin 1944


*Voir aussi mes fichiers
* La ronde de nuit,1969 -- Rue des boutiques obscures, prix Goncourt, 1978  --
* Quartier perdu, 182 pages, 1984 -- Dimanches d’août, 1986
* Remise de peine, 1988 -- Fleur de ruine, 1991 -- Un cirque passe, 1992 --
*
L'Horizon, 2010
* Voir en synthèse mon Site Modiano --
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